Ils ont reçu le balafon en héritage. Ils se sont donnés pour mission de le faire connaître au monde entier. Dans une première expédition musicale dénommée ‘’Au cœur des cœurs’’, le commando semeur de bonne humeur, Djarabikan, a prescrit le xylophone africain comme un instrument clé de l’afro jazz et afro pop. Au rendez-vous du donné et du recevoir, Diabaté Souleymane (Balafon solo), Diarra Sory (balafon medium), Kéïta Seydou (balafon bass), Diabaté San Yaya (percussion solo), Touré Alassane (percussion bass) et Coulibaly Souleymane (directeur artistique et responsable) ont sillonné les cinq continents pour faire découvrir l’originalité de l’instrument et ses capacités.
Des années sont passées et beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Les garçons d’Abobo se sont bonifiés et ont décidé de revenir au-devant de la scène musicale. Cette fois, « A cœur ouvert », avec un album mature. Djarabikan Balafon n’a pas fait dans la dentelle. Vu la dimension internationale du groupe et ses talents, les musiciens se sont donnés les moyens de ne livrer que la meilleure qualité qui existe en matière de sonorités et d’arrangement. C’est donc en Belgique que l’album a été enregistré aux standards internationaux au studio Porino, Borgerhout (Anvers / Belgique) dont l’enregistrement, le mixage et le mastering ont été magistralement réalisés par Roel Poriau.
C’est donc huit titres, chacun aussi original qu’envoutant, qui sont servis aux mélomanes depuis le vendredi 30 août 2024, date de sortie officielle de l’album, disponible sur support USB et en téléchargement légal et payant sur toutes les plateformes. L’Album « A cœur ouvert » s’écoute aisément. L’on découvre ou redécouvre les notes du balafon, émerveillé. Les mélodies touchent le corps, traversent la chair, atteignent le cœur et parlent à l’âme. « A toi Ablo », titre éponyme en hommage à Abdoulaye Diabaté, l’un des meilleurs balafonistes solo de Côte d’Ivoire, prématurément arraché à l’affection des siens, est un hymne à l’amour intemporel. Sur ce titre, les mélodies mélancoliques des balafons sont rompues par les sonorités ardues des percussions. Le tout bercé par la clarinette de Souleymane Ouattara. Entrainant une folie qui fait découvrir « Abobo Folly » (2e titre). Ici de folles idées traversent l’esprit des musiciens et des danseurs. On accélère le rythme, on engage une danse effrénée, délirante. On convoque des musiques de l’Afrique centrale. Et comme par hasard, la « folie s’arrête ». Les pensées sont profondes, on est nostalgique.
« Djala » (3e titre) a une senteur exotique. On revit des évènements émouvants et à l’aide de notes langoureuses, on se laisse emporter par le vent. Aux dernières notes, on se sent apaisé, calme. C’est le temps de la « Prière » (4e titre). La reconnaissance au Maître des cieux et de la terre. On lui adresse de fines mélodies pour lui dire merci. On lui donne toute la gloire et on admet notre impuissance face à lui. Les sons (balafons et percussions) sont psalmodiés et cadencés. Tout le contraire de la « Sénégalaise », (5e titre).
Ce titre est une réponse à l’appel du pays de la Teranga. Le balafon-Mbalax, une fusion parfaite de percussions et de balafon, soutient la chanson. Les notes du balafon solo viennent régulièrement en hauteur, effleuré les fréquences. La percu est sèche et saccadée. A la fin du titre, l’on s’écrie « Allah lé sé » (c’est Dieu qui est capable) (6e titre). Ici, on reconnaît toute suprématie à « Allah ». La chanson a deux parties. Une première suave et harmonisée et une seconde partie, plus rythmée, qui découle sur la danse. Cette dualité, on la retrouve autrement dans « Tagama » (7e titre) qui se traduit par « la marche », « le voyage ». Les mélodies appellent à la liberté de circulation des personnes partout sur la terre. La musique colorée interpelle. Les balafons (solo, médium, bass) tiennent ensemble les mélodies. La percussion, rebelle, en rage, porte la voix de la discorde. Elle crie, vocifère et réclame le droit à toute personne à aller où elle veut sans restriction. Au « Levé du jour » (8e titre), l’on retourne aux sources. Les sonorités sont classiques. Elles sont bien connues. Elles sont là à tous les évènements, heureux ou malheureux. On ouvre la piste de danse et c’est un bal poussière.
C’est donc à « A cœur ouvert » que Djarabikan Balafon se lance à la conquête du monde. Le groupe veut imposer le balafon comme un instrument incontournable, modulable et capable de jouer toutes les sonorités du monde.
SANOU A.