SANOU A. à Ségou, au Mali
Leur âge varie entre 18 à 40 ans. Ils ont été minutieusement choisis, par appel à candidature, pour prendre part au Salon d’art contemporain de la 20e édition de Ségou’Art-Festival sur le Niger qui s’est tenu du 30 janvier au 05 février 2024 dans la ville historique de Ségou, au Mali. En provenance de sept pays, ces jeunes ont exposé leurs œuvres dans les galeries au siège de la Fondation Festival sur le Niger. Ce sont : Eric Tomnyuy (Cameroun), Télégnon Ariane Dominique Koné (Côte d’Ivoire), Mohamed Dembélé (Mali), Mariam Ibrahim Maïga (Mali), Lybi Ousmane Lougoué (Burkina Faso), David O. Aremu (Nigéria), Ange Dakouo (Mali), Hamidou Koumaré (Mali), Aïssata Ciss (Sénégal), Mariam Niaré (Mali), Ikram Ben Ibrahim (Tunisie) et Abdoul Karim Diallo (Mali).
Ce 02 février, le jury international avec à sa tête le maître venu du Bénin, Ludovic Fadairo, a distingué quatre d’entre eux. Il s’agit de Mariam Ibrahim Maïga (Mali) classée première. Elle remporte le Prix Mamou Daffé, du nom du président de la Fondation du Festival sur le Niger et la coquette somme d’un million de FCFA. Tiélégnon Ariane Dominique Koné (Côte d’Ivoire) rafle le deuxième prix (Centre culturel Kôrè) et Aremu Opeyemi (Nigéria) arrache le « Prix de l’Institut Kôrè des Arts et des Métiers » et occupe le 3e place. Un 4e prix, de la meilleure artiste femme, a été décerné à Ikram Ben Ibrahim (Tunisie).
Un honneur pour ces jeunes créateurs qui ont été choisis par des personnes ressources, des maitres. Outre Ludivic Fadairo, Siriki Ky du Burkina Faso, Cheick Diallo du Mali, Nyaba Léon Ouedraogo du Burkina Faso, George Edozei du Nigéria, Kossi Assou du Togo et Abdoulaye Konaté du Mali les ont évalués. Les œuvres primées sont esthétiquement abouties, mais et surtout ont une force extraordinaire dans le message véhiculé.
« Je suis encore à la recherche de mon identité. Aujourd’hui, je peux dire que je suis sur le bon chemin. Je propose une grande toile intitulée « Sen sanouman ». Une expression à deux sens : qui signifie des pieds propres ou/et des pieds en or. Vous voyez de nombreux petits triangles sur toute la toile. Ils représentent les trois pierres du foyer de la cuisine africaine, en un mot la famille. Les cercles traduisent la réunion, l’union. Je mets aussi des traits d’union pour rapprocher les gens », informe Mariam Ibrahim Maïga.
La toile représente les silhouettes de cinq soldats en grandeur nature. « Ce sont des soldats de l’armée malienne. C’est un hommage que je rends à cette armée à travers les cinq corps. Je me suis beaucoup inspirée du chiffre 5. Un chiffre qui symbolise la complémentarité, en rapport aux cinq sens, aux cinq forces de la nature, aux cinq doigts de la main qui traduisent l’union, la force et le travail », confie la peintre. Une performance plébiscitée par le jury.
Artiste bourré de talent, doublé d’une timidité, Tiélégnon Ariane Dominique Koné mesure la portée de chacun de ses mots quand elle parle de ses œuvres. De façon générale, sur l’ensemble de ses toiles (5), elle travaille sur le thème de l’occupation de l’espace par les hommes. Elle fait une déconstruction des classes sociales, en un mot, elle brise les barrières établies entre les hommes. « De façon picturale, j’établie des zones libres et des zones interdites. C’est pour montrer qu’il y a des personnes vulnérables pour qui il est difficile de s’affirmer librement », explique-t-elle. Son travail se présente comme une invite à la liberté et s’inspire de la vie des fourmis. Ses silhouettes en mouvement sont l’expression de la liberté de circuler, d’aller où on veut et quand on veut. Et le jeu qu’elle fait avec l’ombre et la lumière exprime le passage de l’obscurantisme à la lumière.
Le salon d’Art contemporain de Ségou’Art Festival sur le Niger est une opportunité extraordinaire qui réunit « des galeristes, des collectionneurs et amateurs d’art, des critiques d’art autour des œuvres des jeunes talents émergents africains, en vue de les faire connaitre, de promouvoir leurs œuvres, mais aussi créer les conditions optimales de leur émergence ».