Du 26 octobre au 18 novembre 2023, Ozoua Harmonie (peintre) a exposé avec Bédyart à la Galerie Houkami Guyzagn sur le thème « Femme d’ici, femme d’ailleurs ». Avec des toiles qui valorisent la femme africaine authentique, Ozoua donne de la voie contre le port exagéré des perruques par les femmes africaines, qui par ce geste, perdent une partie de leur identité.
« Femme d’ici… », c’est le volet du thème « Femme d’ici, femme d’ailleurs » qu’a traité Ozoua Harmonie lors de l’exposition qui l’a réunie avec Bédyart à Abidjan. Proposant une multitude d’œuvres, la jeune peintre « s’est évadée », comme à ses habitudes, tout en ayant en point de mire des griefs contre ces chapeaux capillaires appelés perruques, qui ont inondés les marchés africains et dont les femmes en raffolent.
« La coiffure est pour moi la pièce d’identité de la femme africaine. Chaque région, chaque pays a une multitude de coiffures qui lui sont spécifiques. C’est à travers elles que les femmes se valorisent », soutient l’artiste.
Selon elle, l’Afrique est riche de sa culture et les coiffures occupent une place prépondérante dans cette mise en évidence de ce qui caractérise les Africains. Sur ses toiles, les tresses sont mises en valeur : des cheveux coiffés au fil, des ‘’boules boules’’, la coiffe ‘’Allah Thérèse’’, les afro. Elle-même arbore des locks naturels. « C’est une fierté de présenter nos coiffures et j’ai, comme une facilité dans mes dessins, lorsque je les représente », explique-t-elle.
Malheureusement, déplore Ozoua, les femmes africaines subissent « une colonisation capillaire ». « Elles se marginalisent du fait de leurs cheveux crépus et veulent ressembler aux femmes occidentales qu’elles considèrent, à cause de leur cheveux frisés, comme des modèles, des canons de beauté ».
Cette idéalisation de la femme blanche a encouragé la prolifération des perruques. « La perruque que j’appelle la casquette occidentale est partout. L’accessibilité et la facilité d’usage ont fait que toutes les filles s’y sont mises. Au début, c’était des mèches synthétiques. Mais aujourd’hui, ce sont des cheveux réels qui viennent de l’orient, de l’occident. Les filles payent le prix fort pour les avoir. Ces perruques couvrent les cheveux naturels. C’est comme si on a honte de ce qu’on est, un déni de notre identité, de nos cheveux », s’insurge l’artiste dont le nom signifie : « la plus douée de sa génération ».
La peinture d’Ozoua mène aussi un combat féministe ‘’africanisé’’. Cela passe par des parures avec une palette de couleurs (chaudes, vives), synonymes de la chaleur africaine, du dynamisme de ses traditions. « Chaque fois que je mets une femme en valeur, il faut qu’elle ait ses parures. Les parures viennent compléter son élégance, sa beauté, son authenticité ».
Accessoiriste, Ozoua utilise les perles de façon spéciale. Eprise de ces petites boules devenues des points (elle fait du pointillisme), elle les manipule à sa guise. Chaque sujet a ses perles. Et chacune des perles œuvre pour son sujet.
Dans sa palette de couleurs, le bleu domine la majorité de ses créations. Elle est tombée sous le charme de cette teinte. « Cette couleur a la puissance de m’apaiser. Celle représente pour moi, l’immensité de la vie, la nature, l’infini. C’est comme une partie de moi que je ne saurai expliquer », apprécie-t-elle.
Dans sa quête d’humanité, Ozoua rassemble les visages pour traduire l’unicité du genre humain. L’Homme, pour elle, est la somme de plusieurs humains, de nombreuses familles et lignées. L’homme est un conglomérat de gènes.
Peintre figurative, Ozoua s’ouvre d’autres horizons. Elle tend vers l’abstraction. Et pour le peu qu’elle sait de la vie : celle-ci est à la fois figurative et abstraite. Ce qui fait qu’elle œuvre pour la combinaison des deux.
SANOU A.