Le dernier artiste qui expose jusqu’au 10 janvier 2023 au Centre Soleil d’Afrique est le jeune photographe sénégalais Massow Ka. Il propose un voyage sur la ligne de chemin de fer reliant Dakar, capitale du Sénégal, à Saint-Louis au nord du pays de Léopold Sédar Senghor.
Les gares ferroviaires peuvent être un témoignage historique d’un pays. Il en est, ainsi, des gares qui longent la ligne Dakar/Saint-Louis au Sénégal. L’auteur et réalisateur sénégalais Sembène Ousmane avait déjà mis en avant l’importance du chemin de fer dans son roman «Les bouts de bois de Dieu», paru en 1960 ; roman dédié aux syndicalistes d’Afrique noire et décrivant la grève que menèrent en 1947 les cheminots africains de la ligne Dakar-Niger au temps de la colonisation française. En 2013, le réalisateur français Olivier Langlois a réalisé le téléfilm pour la chaîne France 3, «Les pirogues des hautes terres», parlant également de la grève des cheminots.
Le jeune photographe Massow Ka, lui, s’est intéressé, dans son travail intitulé «Gare Yi : les lignes de combat», à rendre hommage au chemin de fer de son pays, à travers des clichés des gares et des rails, témoignant d’un passé colonial, laissés pour la plupart à l’abandon, couverts de rouille et de lichen. Il est vraiment dommage que le gouvernement ne fasse rien pour restaurer ces spectateurs des temps passé et présent. Le futur reste incertain pour eux.
Les photos de Massow Ka sont douloureuses car elles montrent la décadence de la fierté de tout un pays, surtout le cliché montrant la gare de Kelle, qui constituait une étape importante sur la ligne du chemin de fer de Dakar à Saint-Louis, puisque c’était une gare de pause, de repos. Si ce lieu pouvait parler, il raconterait mille et une histoires. C’est aux historiens, aux romanciers de faire revivre ce chemin de fer, comme l’a fait Massow Ka à travers ses photos.
Cependant, le jeune photographe, dans ses clichés exposés au Centre Soleil d’Afrique de Bamako, propose deux vues plus «modernes» : celle d’un cheminot vérifiant les rouages d’un wagon, et celle d’un wagon de notre époque, qui semble faire partie du train présidentiel.
«Gare Yi : les lignes de combat» est un voyage, étape par étape, escale par escale, à travers l’espace et le temps.
Zouhour HARBAOUI