«Les rues de Bamako» est l’intitulé générique du deuxième artiste à avoir installé ses œuvres sur les cimaises du Centre Soleil d’Afrique. Bakoo Cly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a opté pour cet intitulé parce que, pour lui, la vie se trouve dans les rues.
La présentation de son travail, intitulé «Les rues de Bamako», pourrait un poème en prose. En effet, le photographe malien Bakoo Cly écrit : «Dans les rues de la ville Bamako, j’observe et je prends mon appareil photo pour immortaliser tous les moments importants qui se présenteraient à moi ou que je suis. J’aime photographier les gens en mouvement, arrêter dans la rue, les situations intéressantes de tout ce qui bouge. Documenter cette vie quotidienne et de raconter à travers mes photographies. Dans des paysages urbains aux avenues très larges. Bamako une ville moderne où des hommes et femmes bien habillés, d’autres part des vendeurs ambulants, des corps en mouvements, des regards parfois droits dans l’objectif, d’une présence forte. C’est ainsi je révèle mon talent de photographe en capturant les paysages urbains et autres beautés de la ville».
Bakoo Cly se charge de photographier l’âme de Bamako, mais pas seulement. Dans ces clichés, l’on pourrait être dans n’importe quelle ville de n’importe quel pays d’Afrique de l’Ouest : quartiers de Dakar, de Conakry, ou encore de Ouaga. Les rues de Bamako pourraient représenter n’importe laquelle de ces villes. Du moins dans les clichés exposés, jusqu’au 10 janvier 2023 au Centre Soleil d’Afrique.
Photo en «trichromie»
Une des œuvres de ce jeune artiste photographe qui nous a interpellée est celle dans laquelle on voit un jeune homme en mouvement. Nous savons que c’est un jeune homme même si sa tête est hors cadre pour les simples et bonnes raisons qu’il est, tout d’abord, vêtu comme tout jeune Africain de l’Afrique de l’Ouest, du moins ceux qui habitent des quartiers dits populaires, et sa démarche est celle de tout jeune Africain de l’Afrique de l’Ouest marchant dans les rues. Mais ce qui trahi ce personnage, c’est son… ombre ! Une ombre qui se détache sur un mur couleur ocre. Cette ombre est une double traîtresse, car, pendant le jeune avance, son ombre semble regarder en arrière et vouloir repartir de là où le jeune est venu, comme si elle voulait fuir l’avenir qui attend le jeune homme et voudrait retourner vers un passé, même si celui-ci est sombre, symbolisé par une autre ombre dans le coin haut droit du cliché, comme un monstre guettant que sa proie fasse une erreur et vienne à lui. C’est une interprétation comme une autre mais c’est celle qui nous est venue en regardant la photo.
D’autre part, le cliché donne l’impression d’être trichromique : vert pour les vêtements du jeune, noir pour les ombres, et ocre pour le mur, même si d’autres couleurs apparaissent en petits détails comme le jaune des claquettes ou le léger violet du X sur le mur.
Bakoo est né un certain premier avril (et ce n’est pas un poisson) à Kanassako dans la région de Ségou. Après avoir eu le Diplôme d’études fondamentales dans son village natal, il arrive à Bamako pour suivre ses études au lycée. Il devient assistant d’un photographe à «Photo Zou» (on vous jure que ce n’est pas nous), mais continue ses études jusqu’à obtenir un diplôme en transit commercial, qui ne l’empêche pas de se consacrer dans le domaine de la photo, en se spécialisant en Photoshop.
En 2016, Bakoo Cly intègre «Yamarou Photo», un centre de formation, de réflexion et d’échanges entre professionnels de la photographie d’une part et entre ceux-ci et le public d’autre part, autour des nouvelles techniques et nouveaux concepts de l’art photographique, dont le fondateur et le directeur artistique est Seydou Camara, et ce, avant de participer à différents ateliers.
Zouhour HARBAOUI