Promouvoir la création contemporaine, c’est diffuser les œuvres des artistes d’aujourd’hui auprès du plus grand nombre, par des expositions ou des dépôts dans des musées et des administrations publiques. Les pays africains ont depuis bien longtemps compris ces principes. Ils n’en restent pas en marge. Du 04 au 06 novembre dernier, le centre de Convention Balmoral du luxueux Hôtel Fédéral Palace, cinq étoile, au Nigéria, a reçu la septième édition de la principale foire internationale d’art en Afrique de l’Ouest, ART X Lagos 2022.
Cette activité visait à donner de la visibilité à plus de 120 artistes de plus de 40 pays d’Afrique et de la diaspora, présentés par 31 galeries internationales de premier plan. Le programme s’est élargi d’expositions, de discussions et de performances en direct, ainsi que d’une foire virtuelle sur ARTSY au profit d’un public mondial. La Gallérie ivoirienne Louisimone Guirandou a été invité pour sa troisième participation.
Samedi 5 novembre, Louisimone Guirandou Gallery était sur les lieux pour promouvoir les œuvres de ses artistes. Comme de coutume, la galerie, en plus d’organiser ses propres expositions, n’a pas manqué de prendre part à de tels évènements de promotion artistiques à l’international. Son stand, une cabine semi-ouverte, en alliage métallique peint en blanc, assez éclairée, avec des œuvres soigneusement accrochées, une autre installée sur une petite caisse blanche. Les pièces étaient bien disposées. Belle et élégante, Alix de Lataillade, représentante de la gallérie ivoirienne, arborait un sourire qui illuminait toute la pièce, pendant qu’elle expliquait, passionnément, les compositions des œuvres aux visiteurs presque conquis. Il s’agissait des travaux de Aglade Glover, Ange Dakouo et Pedro Pires.
Dans son œuvre intitulée Yellow Forest (2020), Ablade Glover a adopté une approche abstraite. Son tableau met en scène une peinture à huile de jaune colorée et très texturée représentant un paysage forestier, avec quelques couches de peinture noire, visibles entre les brins de jaunes, dans la partie inferieur, laissant transparaître des troncs d’arbres de la forêt représentée. Au début du XXe siècle, la peinture abstraite dite aussi non figurative a été employée par bon nombre d’artistes peintres afin d’exprimer leur ressentis, par une liberté de couleur, de forme et surtout de sujet. Glover est de cette génération contemporaine qui ose à travers des recherches chromatiques, s’affranchit des carcans académiques.
Inspiré par l’univers des costumes ‘’dozos’’, tenues des chasseurs traditionnels en Afrique de l’ouest composées d’amulettes protectrices, Ange Dakouo présente un concept fait à base de ses amulettes connues sous le nom de ‘’gris-gris’’ reproduits et finement reliées entre-elles. Les petits rectangles sont des compositions de papiers journaux – son père était imprimeur – et de fils de cotons attachés, le tout dominé par des parcelles de couleurs éclairées et assombries par endroits. A travers ses sculptures textiles, Dakouo nous rappelle les travaux de son maître Abdoulaye Konaté et les installations d’El Anatsui qui essaient tant bien que mal d’imposer leurs styles et de contribuer à l’évolution de l’art contemporain.
De son côté, Pedro Pires a une approche qui s’apparente à la réalisation de sculptures. Ses précédentes œuvres étaient des dessins sur papiers mis au feu pour exprimer son sentiment d’identité nationale fragmentée. Dans cette troisième édition de Border, Pires crée la tête d’un être humain à partir d’éléments métalliques représentant les feuilles, les pétales ou les fleurs, utilisés pour décorer des portails, clôtures et autres barrières. Ses œuvres, de plus en plus attrayantes, appartiennent à l’architecture. Pires veut repenser ou redéfinir les éléments métalliques, en les utilisant en relation avec le corps humain, en imaginant quelque chose comme une peau recouverte des beautés de la nature.
Le bref moment passé dans le stand de Louisimone Guirandou a été mémorable. L’accueil était chaleureux. Des brochures ou pamphlets sont remis aux visiteurs afin de mieux s’informer sur le parcours et le style des artistes.
La qualité des œuvres présentées à ART X Lagos 2022 démontre de l’immensité des talents dont les artistes africains regorgent. L’Afrique à un incroyable talent. Il faut s’en servir pour mieux reconquérir notre identité, notre histoire.
Il faudrait, d’ailleurs, que tous les représentants des galeries d’art aux expositions ne manquent de s’informer sur leurs artistes, afin d’éviter le mutisme obstiné lorsqu’on demande des informations. Ce serait le lieu pour eux, de démontrer de leur familiarité avec les artistes représentés.
La galerie Louisimone Guirandou n’est pas à sa première grande présentation. Elle a déjà participé à plusieurs grands évènements artistiques de renommée internationale notamment, la biennale de Dakar qui s’est déroulée du 19 mai au 19 juin 2022, et la foire internationale 1-54, qui présentait plus de 50 artistes d’Afrique et de la diaspora, en Avril dernier.
Serge Onekekou, envoyé spécial à Lagos