« Ajouter de la science à la science ». C’est ainsi que Pr Roger Deho Troh, représentant le doyen de l’Unité de formation et de recherche (UFR) Communication milieu et société (CMS), de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a situé le panel organisé par africadoc Côte d’Ivoire, ce mardi 9 août dans le cadre du projet Impala. Les échanges se sont déroulés autour du thème : « Le film documentaire africain comme outil de sensibilisation, d’expression et de développement en Afrique de l’Ouest ».

Pour l’universitaire, le noble vœu des organisateurs du projet Impala qui vise à permettre aux Africains de produire, eux-mêmes, des films sur leurs réalités, est noble. Il a noté que le film documentaire qui véhicule des valeurs, est en réalité un outil didactique qui doit accompagner les autres disciplines.
Président d’Africadoc Côte d’Ivoire, Laurent Bitty a relevé la nécessité d’associer l’Université aux actions de son organisation. « Les chercheurs sont ceux qui réfléchissent, qui immortalisent. Le film documentaire va vers les populations, cherche à comprendre les sociétés, leur fonctionnement », a-t-il admis avant de conclure qu’à l’image de l’université, le documentaire conduit au développement.

Une conférence inaugurale et quatre communications ont tenu en haleine les étudiants venus nombreux dans l’Amphi C. Dans son exposé sur le thème de la rencontre, Charlemagne Coffie a indiqué que le film documentaire permet de capter des images sur le vif. Et, « Bouaké, a-t-il reconnu, est une ville très riche ».


S’exprimant sur « Les enjeux de la formation pour une évolution du film documentaire en Afrique », Dr Boni Assié a insisté sur les amalgames constatés entre le reportage et le documentaire. Selon lui, l’argument commercial des écoles de formation qui associent le cinéma et l’audiovisuel est à la base de cette confusion. Il a dénoncé la prolifération anarchique des écoles de formation au cinéma. « On ne va pas à n’importe quelle école », a-t-il averti.

Dans une approche plus technique qui consistait à démontrer si « Le documentaire est une œuvre artistique ou un outil de sensibilisation », Pr Raphaēl Girardot formateur du projet Impala, a invité les réalisateurs à la patience et à l’écoute. « Le documentaire, c’est le réel qui choisit de répondre aux questions et non le réel qui répond aux questions ». Pour lui, réaliser un film documentaire, c’est prendre un engagement, conclure un pacte avec le réel, l’histoire à filmer afin de « rendre belle la personne à filmer ».

Michel K. Zongo, formateur, a donné une double communication : « De l’autonomisation de la production documentaire en Afrique » et « La diffusion du documentaire africain : opportunités et contraintes ». Il a d’abord salué les pays qui disposent d’un fonds de soutien au financement de leur cinéma local (Sénégal, Côte d’Ivoire…) avant d’égrener les difficultés d’accès du public, le refus des chaînes de télé d’acheter les documentaires et la censure des films documentaires jugés trop indépendants.
Les étudiants ont montré un grand intérêt pour le documentaire. Ils ont posé de nombreuses questions et ont promis d’être présents le 20 août prochain au Centre Culturel Jacques Aka de Bouaké afin de voir les films réalisés par les participants du projet Impala, en atelier de réalisation, depuis le 4 juillet 2022 au foyer Jeune viateur de Bouaké.
Impala est un programme triennal (2022/2024) piloté par Africadoc Côte d’Ivoire et initié en collaboration avec Docmonde et Les ateliers varan. Le projet vise à mettre en œuvre un dispositif de production et de diffusion de films documentaires assorti de formation dans les domaines de la réalisation, du montage, l’écriture et la production.
Sanou A., envoyé spécial à Bouaké
Photos: Fédjéhé Koné