La tradition des retrouvailles des ateliers se fait chaque 3 janvier. Cependant, la rencontre de 2022 a fait deux entorses à la tradition. Changement de lieu, au Lycée moderne d’Abobo (CMA) et de date (le 12 janvier). Ces innovations ont apporté plus de lumière et de couleurs à cette belle fête de tous les arts autours du concept du « Scienceur ». Soro Péhouet, plasticien qui fait office de maître pour cette jeune génération de créateurs, nous parle du concept et des changements opérés lors de cette édition.

Quel est l’esprit des Ateliers Péhouet, concept que vous avez mis en place depuis quelques années ?
L’esprit de nos ateliers, c’est l’art au service de la communauté. C’est notre slogan. C’est aussi la force du nombre, c’est-à-dire la diversité dans l’unité et l’unité dans la diversité.
Que fait-on au sein des Ateliers Péhouet ?
Dans les Ateliers Péhouet, nous ne faisons pas que de la peinture (NDLR : Péhouet Soro étant lui-même un peinture émérite). C’est les arts et le monde ; le monde et les arts. A savoir l’expression pure et simple de la vie. Nous parlons des Ateliers, parce qu’il y a plusieurs activités en son sein.
Pouvez-vous citer les arts pratiqués ?
Nous avons de la musique, le slam, la poésie, le conte, le design textile, la sculpture… On y fait de la philosophie, la littérature… et de nombreux autres disciplines car pour nous, vivre en harmonie avec le monde, c’est faire de l’art.
D’où est parti l’idée des Ateliers Péhouet ?
Nous sommes partis, en tant que professeur d’art plastique, d’initiative de club d’art plastique. Nous n’avions pas été suivis, dans le temps, par le personnel administratif. A un moment donné, nous nous sommes appropriés l’idéologie pour en faire une activité en faveur des apprenants. Nous avons délocalisé l’activité à notre domicile.
Depuis deux ans, les actions des ateliers sont axées autour du concept le « Scienceur ». Une sculpture symbolise même cette vision. C’est quoi le « Scienceur »?
C’est l’esprit du leadership, de l’Africain émancipé, qui s’assume, qui va aux faits et qui n’attend pas que les faits viennent à lui. Cet Africain qui prend ses responsabilités devant l’histoire, qui va donner au monde ce qu’il a de plus beau. Il n’y va pas les mains vides. Il part avec ses valeurs à ce rendez-vous du donner et du recevoir.

Quel résultat compter vous obtenir ?
Nous estimons que l’art doit être le canal par lequel l’Afrique doit s’affranchir. Parce que présenter au monde ce qu’on a, c’est s’accepter, c’est la clé du développement. Pour nous, le « Scienceur » est une forme de réappropriation de l’humanité. Nous sommes partis du « Penseur » de Rodin pour donner le « Scienceur » des Ateliers Péhouet. C’est une relance. Nous donnons une seconde vie à la réalisation de Rodin, nous le réinventons à l’africaine avec les couleurs et les notes africaines.
Artiste avec une écriture singulière qui fait écho au sein des étudiants et amateurs d’art, peut-on dire aujourd’hui que Soro Péhouet, malgré son jeune âge, est un maître ?
Je ne peux pas m’autoproclamer maître. Mais pour certains, je suis un modèle, un leader, un guide. Je suis juste un artiste qui fait son travail d’artiste.
Interview réalisée par SANOU A.