Après avoir mis à l’honneur le père du cinéma tunisien et fondateur, en 1966, des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) dans «Tahar Chériaa, à l’ombre du baobab», le cinéaste tunisien Mohamed Challouf a décidé de mettre en avant un autre pionnier du cinéma africain, à savoir le Camerounais Dikongué Pipa.
L’un des grands problèmes culturels de notre continent est que nous manquons cruellement d’archives. C’est comme si l’oralité continuait à prendre le dessus sur les écrits et les images. Nous ne parlons pas de la musique qui est, quelque peu, sauvée par l’enregistrement des concerts. Nous parlons de ces hommes qui ont fait la Culture de l’Afrique.
Heureusement, certains cinéastes ont commencé, depuis un certain temps, à filmer certains de ces hommes, à l’instar du Burkinabè Dani Kouyaté avec son documentaire «Joseph Ki-Zerbo, identités/ identité pour l’Afrique» (2005). Le cinéaste tunisien Mohamed Challouf, lui, s’est concentré sur le septième art, déjà avec le documentaire «Ouaga, Capitale du Cinéma» (2000), véritable mine d’informations, puis avec «Tahar Chériaa, à l’ombre du baobab», père du cinéma tunisien, fondateur, en 1966, des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), et, en quelque sorte, co-fondateur du Fespaco.
Aujourd’hui, Mohamed Challouf réitère avec la préparation d’un documentaire sur le cinéaste camerounais Jean-Pierre Dikongué Pipa (81 ans). Le réalisateur tunisien veut mettre en avant «l’histoire d’un parcours, celui d’un homme singulier, dont l’histoire mérite d’être racontée à la postérité». Et d’ajouter : «ce film-portrait de Dikongué Pipa sera aussi une opportunité pour raconter, à travers les témoignages de pionniers et d’historiens camerounais, les débuts de la production cinématographique dans le pays», comme Jean Paul Ngassa, Daniel Kamwa, Alphonse Béni, etc., ou des universitaires tels que Longin Eloundou, ou, encore, Tsogo Marie Madège, outreJean-Pierre Dikongué Pipa, lui-même. Les témoignages ne seront pas uniquement camerounais, puisque d’autres personnes interviendront dans le documentaire comme Catherine Ruelle (France), Férid Boughédir (Tunisie), ou encore Baba Diop (Sénégal).
Le documentaire, qui devrait être prêt pour la mi-avril 2022, sera, également, argumenté par des extraits des œuvres de Dikongué Pipa et des premiers films camerounais.
Zouhour HARBAOUI