« Hip hip hip… ‘’Hourra’’ ! ». Ce cri a traduit, ce 18 mai à la Rotonde des arts contemporains au Plateau, toute la symbolique de l’exposition-restitution des œuvres de l’atelier créatif de N’Galwa en hommage à l’un des maîtres de la peinture en Côte d’Ivoire, James Houra Kadjo, décédé le 27 janvier 2020. En pleine crise du coronavirus.
« Ce n’était pas juste, qu’on reste impuissant devant l’œuvre de James Houra qui a porté à son firmament tout ce que l’art peut avoir de majestueux », a situé Mimi Erol, co-initiateur du projet avec Mathilde Moro, directrice de l’Ecole des beaux-arts de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac).
Pour lui, « James Hourra dans sa dimension, sa stature a donné toutes les lettres de noblesse à la peinture en Côte d’Ivoire. Il a été un vrai chef de fil ». De ce postulat, soutient-il, il était inimaginable qu’il soit inhumé pendant l’isolement d’Abidjan, dans l’oubli total.
L’atelier de N’Galwa a eu donc une double mission. Celle de rappeler à la communauté des créateurs des arts ivoiriens qu’une icône du secteur a rangé, à jamais, le pinceau ; et celle de dire qu’on ne doit pas l’oublier.
« Quoique qu’on fasse, qu’on travaille bien, il y aura toujours des gens pour reconnaître votre action, de votre vivant ou à votre mort. D’ailleurs, un artiste ne meurt jamais. James n’est pas mort. Il existe à travers toutes ses créations, toutes ses réalisations, les souvenirs de ses répliques, ses interventions avec le même calme. C’est quelqu’un qui est resté constant toute sa vie. Il savait donner de la valeur à ses œuvres », souligne Mimi.
Trente artistes (Mathilde Moro, Youssouf Bath, Oussou Justin, Pehouet Soro, Djéka, Aké, Ozoua, Boehi Lou, Amakan, Gnoïté, Amani, Yapo, Landry N’Zué, G. Néa, Sapéro, Méné…) ont posé sur toile la vision qu’ils ont de leur pair. « Bruit et silence », « Transhumance », « Et puis je garde le sourire », « Rencontre », « La vendeuse », Paysage », « Le prophète de la peinture », « Hommage Houra », « De vie à trépas », sont autant de titres qui positionnent Houra comme un visionnaire, un artiste qui a marqué son temps et sa génération.
A cet hommage de la communauté des arts en Côte d’Ivoire, Yacouba Konaté, directeur de La Rotonde des arts contemporains a rappelé que son institution est administrée par une association, ‘’Initiative pour l’art contemporain’’, et que James Houra est membre et fait partie des administrateurs de cette rotonde.
Il a aussi indiqué que James Hourra a été l’initiateur de la critique d’art en Côte d’Ivoire.
Au nom de la famille Houra, l’épouse de James a remercié le public et les initiateurs. « Les artistes venus à N’Galwa, nous ont fait sentir la présence de James à nos côtés. Ça été un moment très fort pour nous », a-t-elle apprécié.
Une performance de Désiré Amani, un rite funéraire, un exorcisme dans la pure tradition africaine a permis d’orienter le regard sur l’autre monde. Là, où James vit à jamais, d’où il veille sur la communauté des arts en Côte d’Ivoire.
Sanou A.
Crédit photo : Koné Seydou