Actuel Ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France, ancien ministre de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire, écrivain émérite, Grand Prix littéraire d’Afrique Noire, Maurice Bandaman a une plume qui force le respect. C’est à travers un poème qu’il a rendu hommage à Manu Dibango décédé récemment. Farafina Culture vous propose l’intégralité du texte.
Chant pour un saxo
Il avait marché les routes
Marché le temps
Marché l’espace
Son saxo au poing
Comme une arme de paix
Sur les scènes du monde
Du Capitole
À l’Olympia
Comme du fin fond de la Bretagne
Aux sentiers obstrués du Congo
Il avait sillonné la terre
Sous ciel enneigé ou pluvieux
Sous soleil de rage
Dut-il affronter un vent enragé
Il avait promené son saxo
Pour offrir à chacun sa part de bonheur
Dans les rues de Yaoundé
Dans les rues de Dakar
Dans les rues d’Abidjan
Dans les rues de Rabat
Il avait caressé la tête d’un enfant nu
Embrassé une femme aimante
Vigoureusement serré la main à un jeune homme inconnu
Qui juste l’interpelle par un sourire fraternel
Ma-nu
Eh… hahahahaha
Le généreux rire
Le rire fraternel
Le rire paternel
Le rire saxo!
Le saxo de Manu
Le saxo qui soule le monde
Du bon bangui Makossa!
Toi donc, Dibango!
Qui ne fus jamais couché
Un insignifiant être a suffi
À te faire coucher
À jamais
Manu
Entends
Les chants des oiseaux d’Afrique
Qui de Brazza à Kinshasa
De Pretoria à Kigali
De Ouagadougou à Alger
Chantent ton nom
Entends les tous les matins
Et tous les matins
Les chants des oiseaux du monde
Célèbrent ta gloire éternelle
Maurice Bandaman