«Lumumba ou les martyrs du Pondoir» est un véritable devoir de mémoire. Un devoir de mémoire pour que les jeunes générations n’oublient pas ceux qui ont fait l’Afrique, alors que certains de leurs aînés commencent à oublier. Un devoir de mémoire écrit par Liazéré Elie Kouaho et porté sur les épaules d’Adji Gbessi. Un devoir de mémoire pour ne pas oublier Patrice Eméry Lumumba.
Le café théâtre du CNAC (Centre national des arts et de la Culture) s’est empli de collégiens, en cette après-midi du mardi 10 mars, à l’occasion de la seconde programmation de la pièce théâtrale «Lumumba ou les martyrs du pondoir», au cours du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA) 2020.
Ordonnés, calmes, attentifs, ils ont suivi la prestation du comédien Adji Gbessi, de la compagnie I’Wothui Théâtre, sur un texte de l’auteur Liazéré Elie Kouaho, également directeur du CNAC. Et peu importe que cela soit deux Ivoiriens qui portent aux nues un Congolais, car ils n’ont pas porté aux nues un Congolais. Ils ont porté aux nues un Africain. L’un de ces Africains qui ont tant fait pour notre continent et que l’on commence à oublier, par certaines volontés politiques.
Et c’est à une certaine leçon d’Histoire, à un devoir de mémoire qu’ont assisté ces collégiens. Et peu importe l’absence de lumières, les problèmes de son inhérents à la salle, ou l’absence de décor (voulu par le metteur en scène, Sylvain Gbaka, pour insister sur le côté prison), ils ont su écouter, comprendre, grâce au jeu du comédien, les derniers moments de la vie de ce grand homme qu’était Lumumba. Nous avons même vu un jeune collégien versé des larmes quand le comédien dans la peau de Lumumba, ou Lumumba à travers le comédien, a dû se séparer de son enfant décédé…
Adji Gbessi a su ressusciter le premier Premier ministre de la République démocratique du Congo et premier «héros national» du pays, «dans la solitude de la prison, courage et bravoure au poing, résistant au harcèlement impitoyable de la kyrielle malfaisante qui s’est acharnée, depuis son accession au pouvoir, à lui ôter la vie pour mieux enchaîner le peuple congolais dont il était le porte étendard. Un homme, à l’héroïsme immensurable, mort pour servir de terreau à l’œuvre de rédemption que mènent les hommes de bien pour sauver le monde».
La pièce se termine sur des photos de Lumumba, et notamment une avec sa famille. Une image forte pour rappeler qu’il était le père de toute une nation et un des pères de l’Afrique moderne. Une pièce et des images qui pousseront sûrement les jeunes à creuser plus en avant pour connaître ce grand fait historique. D’ailleurs, au sortir de la représentation, une jeune collégienne s’est entretenue avec l’auteur de la pièce et semblait vivement intéresser par ce que lui raconter Liazéré Elie Kouaho.
Il y a encore de l’espoir dans et en la jeunesse africaine…