La première nuit de concerts au Palais de la culture de Treichville, dans la cadre du Masa 2020, s’est déroulée dimanche dans une bonne ambiance. A l’esplanade lagunaire où nous avons pris nos quartiers, une bonne brochette d’artistes africains était annoncée.
La chanteuse venue du Burkina Faso, Rama N’Goni, qui s’impose de plus en plus en live, a scotché net tous les festivaliers. Passants, restaurateurs, curieux se sont amassés devant la scène 1. La puissance de la voix, la justesse de la musique et l’interactivité avec le public étaient au top.
Très à l’aise, la chanteuse venue du pays des hommes intègres a égrené les mélodies les plus chaudes de son répertoire. Sa chanson hommage à son pays a fait se soulever la foule. Ses compatriotes réunis devant la scène ont chorégraphié des pas de danses du pays. La bonne ambiance a été plus électrique lorsqu’elle a entonné une mélodie reggae. Le public s’est soumis à la force de son talent.
Gonflés à bloc, les spectateurs n’attendaient pas mieux pour communier avec le second artiste. Direction la scène 2 (Les deux scènes alternent, permettant au prochain artiste de s’installer). Le maître de cérémonie annonce Yola, une chanteuse ivoirienne, qui allie instrument traditionnel, l’ahoco, et sonorités modernes. Cependant, la joie du public n’a duré que le temps de l’alerte.
Une seule chanson et la foule a commencé à s’effriter. Un a un, les spectateurs se sont retirés. Les plus courageux ont vite fait de prendre des chaises pour s’assoir confortablement le temps que son passage finisse.
Pendant quarante minutes, avec douleur, ils ont eu droit à des mélodies décousues. Les musiciens semblaient aller d’un côté et la chanteuse d’un autre. Les mélodies étaient mal accordées. La voix arrivait comme un cheveu sur la soupe, sans même se soucier des sons qui devaient l’accompagner.
Ce 08 mars 2020 donc, une femme était en train de lui faire vivre un cauchemar musical. Tant bien que mal, Yola arrive au bout de sa prestation. Et ce commentaire d’un observateur très averti en dit long sur sa présence sur la scène. « Ah la sélection du Masa. Souvent, on y comprend pas grand chose ».
Le relai pris sur la scène 1, fait revivre le palais. Adel Bondka venu de la Tunisie capte toutes les attentions. Les sons du violon à l’entrée, provoque des réactions. « Tunisie, je t’aime déjà », lance un mélomane conquis. Pour le reste, les membres du groupe ont surfé sur la dextérité de leur musique et la voix de la ravissante chanteuse Imen Mouhamed.
Le mercure est encore monté et le public s’est remis à danser. Pas besoin de comprendre ce qui se dit, le flot est bon, on s’y engage et on s’y perd.
La suite du spectacle, Maaté Kéïta de la Guinée Conakry, digne fille d’Abidjan, ex-membre de l’ensemble Koteba, a émerveillé. Durant trois minutes, Maaté a chanté sans être vu. La portée de sa voix a coïté les courbures des mélodies des koras, balafons et autres instruments modernes. Les textes incrustés dans les chansons sont porteurs d’espoirs et de pouvoirs pour le continent africain.
Maaté a chanté en malinké, en français, en bété et d’autres langues africaines. Elle a confirmé sa multi-dimensionnalité. L’ancienne ‘’GO’’ des Koteba, a conquis les ‘’gars’’ de Babi. A y voir de près, ce n’est qu’un ancien tison qui s’est rallumé.
Sur ses notes, nous avons pris congé du Palais de la culture où Nicole Obélé (Cameroun), Hervé Samb (Sénégal), Touré Kouda (Sénégal) et Teety Tezano (Cameroun) étaient attendus.
Sanou A.