Après plusieurs semaines en résidences de création au Bénin et dans la sous-région, Roger Sarr, danseur professionnel sénégalais, a présenté, pour la première fois, sa pièce solo Au-delà d’une apparence. La prestation a eu lieu, vendredi 14 février 2020, dans la grande salle du Centre chorégraphique “MultiCorps” et a été suivie d’un échange avec le public.
»Au-delà d’une apparence ». Tel est l’intitulé de la pièce de danse créée par Roger Sarr. Cette expression semble banale, mais signifie beaucoup de choses. A travers cette pièce, le danseur a voulu montrer l’importance de l’expression par le corps. Pendant 25 minutes environ, il a communiqué avec le public par le biais de son corps. Des mouvements, des gestes, etc. « C’est une pièce qui questionne notre culture, la façon dont les Africains voient les choses ou le destin préétabli dans nos sociétés. Cette pièce questionne aussi ma culture, parce que c’est là que j’ai pris l’engagement de décider de ma vie. C’est aussi là que je suis libre, autoritaire et un danseur africain noir indépendant », a confié Roger Sarr.
En effet, il est important que nous puissions cesser de croire au destin préétabli de l’homme. C’est un fait qui, selon lui, empêche plusieurs personnes d’affronter la réalité. Le danseur invite donc les parents à s’adapter à la réalité actuelle afin de permettre aux jeunes et enfants de s’exprimer, d’être libre. « Au-delà d’une apparence parle de moi. Cette pièce parle de mon vécu, et j’essaie de montrer tout ce dont j’ai envie de faire, de même ce que je veux apporter à la danse », a-t-il précisé. Avant d’ajouter : « La finalité est de faire comprendre aux gens que la danse n’est pas limitée. Elle est beaucoup plus libre, large et variée. Je veux que les gens comprennent que nous sommes tous libres et créateurs. Il faut qu’ils sachent que nous pouvons nous exprimer comme nous voulons et de la manière dont nous pouvons ».
L’inspiration de cette pièce lui est venue de plusieurs vécus. De son quotidien, qu’avec les personnes de son milieu. « Dans ma vie, j’ai eu plusieurs déceptions avec des personnes que j’ai vraiment appréciées dans ce milieu. Ce sont des personnes qui m’ont toujours dit “qu’il faut avoir une base de danse traditionnelle pour être quelqu’un dans ce milieu”. Pour moi, cela n’a rien à avoir et je ne suis pas d’accord sur ce point de vue. Ce solo montre que nous sommes libres de toucher là où nous voulons et de faire ce que l’on veut », a expliqué Roger Sarr.
Esprit d’ouverture
Roger Sarr a su tout donner pendant sa prestation afin de permettre au public de comprendre son message. Les applaudissements du public, au terme de sa présentation, prouvent que le message est accepté et apprécié par le public. « C’est ma première fois d’assister à un spectacle de danse contemporaine. Je voulais voir la différence qu’il y a entre la danse classique et contemporaine. J’ai bien apprécié la chorégraphie. A partir de ce soir, je sais désormais comment les choses se passent », a précisé Bassirou Ndaw, sénégalais vivant au Bénin.
La pièce solo de Roger Sarr a permis au public de voir loin et même si d’autres sont attentionnés aux mouvements du danseur, d’autres ne négligent pas la musique de la chorégraphie. « Au cours de la présentation, j’ai remarqué qu’il y a un mixte entre la danse traditionnelle et la danse moderne. La musique qui accompagnait la chorégraphie m’a aussi intrigué », a fait remarquer Bassirou Ndaw. Pour lui, « ce que je perçois comme message est qu’il faut avoir l’esprit d’ouverture et ne pas se fermer sur soi. Il est important de s’ouvrir aux autres et cela peut permettre de se faire sa propre identité ».
Avec la pièce »Au-delà d’une apparence », Roger Sarr sera présent à la biennale de danse de Marrakech, au Maroc. Cette participation va permettre au danseur de livrer son message à d’autres peuples aussi.
Par Julien Tohoundjo