Dadi D. Pudumjee est le fondateur de l’interculturel Ishara Puppet Theatre Trust (New Delhi/Inde) où il travaille comme metteur en scène, designer et marionnettiste, collaborant avec des marionnettistes, des acteurs et des danseurs, aussi bien traditionnels que modernes.
Il est, actuellement, Président de l’UNIMA internationale, jusqu’au prochain congrès de cette Union International de la Marionnette, qui se tiendra, courant avril prochain à Bali (Indonésie). Nous avons rencontré Dadi D. Pudumjee à l’occasion de la seconde édition des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage (JAMC) à laquelle il était invité, n’ayant pas pu venir lors de la première édition.
Qu’est-ce que l’UNIMA ?
L’Union Internationale de la Marionnette est une organisation internationale non gouvernementale, bénéficiant d’un statut consultatif auprès de l’UNESCO. Issus du monde entier, ses membres contribuent au développement et à la diffusion de l’art de la marionnette. Présente dans plus de 90 pays, l’UNIMA est une plateforme d’échange et de partage entre des personnes du monde entier, marionnettistes (amateurs ou professionnels), passionnés par l’art de la marionnette ou travaillant sur cet art (chercheur, historien etc.).
Quels sont les objectifs de l’UNIMA ?
Ils sont nombreux. L’on peut citer, entre autres, promouvoir l’art de la marionnette, stimuler, au travers de toutes formes possibles de communication, les contacts et les échanges entre marionnettistes, professionnels et passionnés de tous les pays, organiser ou accorder son soutien à des congrès, conférences, festivals, expositions et concours, impulser la formation professionnelle, et maintenir vives les traditions et impulser parallèlement le renouvellement de l’art de la Marionnette.
Pourquoi est-ce si important pour les marionnettistes d’avoir une union ?
Parce que c’est un réseau de marionnettistes du monde entier, qui se connectent les uns aux autres. Il existe L’encyclopédie mondiale des arts de la marionnette (WEPA), un projet gigantesque en français qui était uniquement sur papier, et qui est, désormais également disponible gratuitement sur le net, et ce, dans diverses langues. C’est la seule encyclopédie de ce genre dans le monde. D’autre part, il y a des actualités sur les activités des différents centres UNIMA, des informations sur les différents festivals ayant trait aux marionnettes. Les marionnettistes y ont accès sur le site de l’Union. De nombreux marionnettistes, les gouvernements, les ministères de la Culture, l’UNESCO sont conscients du travail positif que l’UNIMA planifie et fait à travers ses commissions ainsi qu’à travers ses centres nationaux.
Vous êtes président de l’UNIMA, quel est votre rôle ?
Tout comme le Secrétaire général et le Trésorier, je fais parti du Comité exécutif (CE), qui dirige l’activité de l’UNIMA entre les congrès. Ce comité a pour charge de réaliser le programme d’activité défini par le congrès et de valider le budget annuel de l’UNIMA.
Mon rôle de président est de garantir le respect des statuts et du règlement, de représenter l’UNIMA dans toutes les relations internationales et institutionnelles, et présider le Conseil. J’ai été élu pour les 3 derniers mandats (NDLR, un mandat dure 4 années). Mon dernier mandat se terminera lors du congrès de Bali en avril.
Justement, le congrès de l’UNIMA se tiendra à Bali (Indonésie), du 13 au 19 avril 2020, quels sont les principaux points qui y seront développés ?
L’agenda de chaque congrès est prévu à l’avance. Des nominations pour les élections du prochain CE auront lieu, des discussions sur les motions et les modifications des statuts, des membres d’honneur seront mentionnés. Les centres nationaux ainsi que les chefs de commissions présenteront leurs rapports pendant le congrès, auquel assisteront les conseillers des différents centres nationaux. Ceux-ci ont le droit de vote au congrès. D’autres peuvent y assister en tant qu’observateurs, mais l’inscription est nécessaire pour tout le monde. Avec le congrès, le pays hôte organise toujours un festival international de marionnettes et présente également ses propres compagnies nationales de marionnettes pour les délégués locaux et étrangers.
Vous étiez invité des JAMC, que pensez-vous sincèrement de ce festival ?
C’est un très bon festival. Le lieu est très bon, un programme ambitieux, et les gens extrêmement sympathiques et serviables. Cependant une amélioration pourrait être faite dans la planification et l’organisation d’un festival aussi important. Le désir et la bonne volonté existent aussi bien de la part des organisateurs que du ministère des Affaires culturelles. Vous avez d’excellents ateliers et espaces d’atelier, théâtres, etc., mais il faut voir quels spectacles sont plus pour les enfants, plus pour les familles ou plus pour les adultes, et, en conséquence, programmer les spectacles et les horaires. Je comprends que l’idée générale ici est que le théâtre de marionnettes est le meilleur pour les enfants… ce qu’il est. Mais, il y a beaucoup de spectacles qui ne sont pas pour les enfants et si ces derniers sont parmi les spectateurs, c’est dérangeant aussi bien pour tout le public que pour les artistes, car les enfants n’ont pas la même concentration que les adultes.
Il faut apporter plus de soin à la billetterie avec une meilleure information sur les spectacles et à qui ils sont destinés. Il faut indiquer si, pour certains spectacles, les enfants sont autorisés ou pas, et à partir de quel âge. Cela prendra du temps mais finalement cela améliora l’image du festival, qui possède un grand potentiel. Je le souhaite vraiment pour l’avenir. En plus, vous avez un public très exigeant.
Quel est le spectacle qui vous a le plus intéressé ?
Je pense que chaque spectacle avait beaucoup à donner et était intéressant. J’aimerais voir plus de bons spectacles tunisiens si je reviens. Les troupes, et notamment locales, devraient être encouragées à faire des spectacles pour la prochaine édition des JAMC. Je suis sûr qu’il y a beaucoup de bons jeunes artistes talentueux. Et ils doivent être encouragés et soutenus !
Propos recueillis
par Zouhour HARBAOUI