Le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine vient, tout récemment, de nommer de nouveaux directeurs à la tête des grandes manifestations : Journées théâtrales de Carthage, Foire International du Livre de Tunis, et Festival international de Carthage. Cependant, il leur a collé des «garde-chiourmes», officiant, déjà, à des postes conséquents dans son ministère ; des «garde-chiourmes» pas des plus blancs comme neige.
Tant qu’on lambine encore (et c’est fait exprès) à présenter le nouveau gouvernement, certains à la tête des ministères en profitent un max. pour poursuivre leurs petites combines. Il en est, ainsi, au ministère des Affaires culturelles (MAC) dans lequel Mohamed Zinelabidine continue à faire comme s’il allait rester ministre encore pour quelques années.
D’ailleurs, est-ce vraiment lui le ministre ? La rumeur (et il n’y a pas de fumée sans feu), qui persiste depuis quelque temps, est qu’il y a une régente au ministère des Affaires culturelles faisant main basse sur les décisions, faisant la pluie et le beau temps, comme on a eu une régente de Carthage qui a fait main basse sur la Tunisie…
En tout cas, les annonces, émanant du ministère des Affaires culturelles, n’arrêtent pas de se multiplier. Tout récemment, il a été décidé de nommer d’autres personnes à la tête de certaines grandes manifestations culturelles. C’est bien, cela fait des changements, car certains avaient déjà pris racines. Mais ce que l’on comprend moins c’est pourquoi le ministre a décidé de leur coller des «garde-chiourmes» ayant déjà des fonctions conséquentes au MAC, et dont certains ne sont pas blancs comme neige. L’on comprend moins ou l’on n’ose pas comprendre. Parce que ça serait l’un des combles des malversations.
«Chaperonner» et «surveiller»…
La première nomination est celle de l’artiste Nissaf Ben Hafsia à la tête des Journées théâtrales de Carthage (JTC). Espérons qu’elle sera aussi bonne directrice qu’elle est aussi bonne artiste et femme agréable et polie dans la vie. Espérons qu’elle ne se laissera pas faire et donnera un bon coup de balai dans l’équipe des JTC, qui, depuis trois éditions, ont accumulé gaffes sur bourdes. Renouveler une équipe peut donner un sang neuf à ce festival qui périclite…
Une femme à la tête des Journées théâtrales de Carthage, nous n’avons pas souvenance d’un fait semblable depuis la création de cette manifestation culturelle. Donc, c’est bien. Cependant, pourquoi avoir nommé Sabri Labyadh, comme directeur administratif et financier des JTC? Il est déjà fonctionnaire au sein du ministère des Affaires culturelles. Est-ce pour «chaperonner» et «surveiller» Nissaf Ben Hafsia ?
Sabri Labyadh n’est pas le seul fonctionnaire du MAC à avoir été nommé directeur administratif et financier dans une manifestation culturelle. Il y a aussi Mehdi Najar, directeur général de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC) -du moins il l’était encore en novembre dernier- qui va «superviser» comment Imed Alibi (ancien directeur des Journées musicales de Carthage) va mener la préparation de la prochaine édition du Festival international de Carthage (FIC).
Chef de Cabinet et directeur administratif et financier ! ?
Il y a surtout -et là vraiment c’est comme si le ministre lui-même se nommait directeur administratif et financier d’un festival !- Ali Msabhia, le chef du cabinet de Mohamed Zinelabidine. Le 22 décembre 2018, nous avions écrit un article intitulé «Malversations au ministère des Affaires culturelles via les festivals : Que font Youssef Chahed et l’INLUCC ?» -qui, soit dit en passant, n’ont rien fait du tout, nous avions déjà mis en avant le fait que ce chef de cabinet n’était pas blanc comme neige, puisqu’il avait fait faire des contrats à 17 personnes pour «contribution à l’organisation et à la préparation» des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage (JAMC), édition 2018, alors qu’elles n’avaient jamais travaillé sur ce festival. Et nous en avons les preuves !
Et voilà que le chef du cabinet se retrouve, aussi, directeur administratif et financier de la Foire international du livre de Tunis (FILT), dont le nouveau directeur est Mabrouk Manaï ! Il y a de quoi se poser des questions sur l’honnêteté de sa nomination !
Quand Mohamed Zinelabidine a déclaré, lors du 4e Congrès national de lutte contre la corruption, organisé, les 8 et 9 décembre dernier, par l’INLUCC, qu’il avait mis fin à la collaboration de «certaines personnes appartenant aux lobbies, ayant des relations suspectes ou toute personne ayant tiré profit de son poste au sein du ministère», tout en estimant «important de réduire le favoritisme», il y a comme un gros problème de probité. Parce que question «favoritisme», le ministre des Affaires culturelles semble bien s’y connaître…
A quand le nouveau gouvernement ! ?
Zouhour HARBAOUI