La compagnie Alissô Théâtre était invitée aux Journées théâtrales de Carthage afin de présenter sa pièce «Histoire sans fin», hors compétition. Un passage en Tunisie, marqué de mauvais souvenirs et d’amertume…
Ils se souviendront longtemps de leur passage en Tunisie, les membres de l’Alissô Théâtre, invités à prester aux Journées théâtrales de Carthage (JTC) ; un festival dédié au quatrième art. Un festival qui se veut arabo-africain par la position de ce pays d’Afrique du Nord, mais qui, par la faute de son président du comité d’organisation, en place depuis 2017 malgré ses différentes bévues, fait la nique aux Africains subsahariens.
Déjà, en 2018, des articles étaient parus dans un journal tunisien en langue français pour dénoncer ce racisme (et il n’y a pas d’autres mots) flagrant envers les artistes Africains subsahariens Cette année, rien n’a été amélioré sauf l’accueil réservé à ceux-ci, devenu plus exécrable encore.
Dès l’aéroport, l’accueil est absent. Aucune personne ressource pour accueillir les invités africains subsahariens La troupe ivoirienne venue présentée «La fille du bistrot» a attendu 1h30 à l’aéroport avant qu’un chauffeur digne les chercher. Les membres de l’Alissô Théâtre, eux, ont été récupérés sans attendre mais ballottés d’un hôtel à l’autre. Dans le premier hôtel où le chauffeur les a emmenés, leurs noms ne figuraient pas sur la liste. Ils ont dû attendre trois heures de temps avant que les organisateurs se réveillent et les envoient à Gammarth, à 20 kms du centre-ville et du cœur du festival, sans mettre à disposition de navette pour pouvoir quitter l’hôtel et participer à la grande fête. Même si l’hôtel est beau, la compagnie n’était pas là pour les vacances et auraient être de la partie.
Cette absence de navette leur a provoqué pas mal de désagréments. Ils n’ont pas pu installer leur décor et faire les réglages lumières la veille du spectacle. Ils n’ont pas pu voir les autres spectacles programmés. Et, surtout, ils ont failli payer des extras n’ayant pas lui d’être. En effet, l’organisation des JTC ne leur a aucunement signalé que les déjeuners se prenaient dans l’hôtel où étaient les autres festivaliers, soit au centre-ville de Tunis. Il a fallu que Charles Ouitin, le scénographe et régisseur-lumière, hausse le ton pour que l’affaire soit réglée et qu’ils n’aient rien à payer.
D’autre part, le 10 décembre, soit deux jours après leur première représentation (la seconde se faisait le 12 dans une ville de l’intérieur du pays), et trois jours avant le retour pour Abidjan, les cartes magnétiques de leurs chambres ont été désactivées ; sur le planning, fourni par les organisateurs des Journées théâtrales de Carthage à l’hôtel, la troupe n’était inscrite que jusqu’au 10…
Les membres de l’Alissô Théâtre avaient l’impression de ne pas faire, du tout, partie, des JTC. Mais, le coup de poignard qu’ils ont reçu en plein dans le cœur, c’est quand une personne d’un certain âge leur a balancé, dans le hall de l’hôtel où se trouvait l’organisation : « Alors, les Noirs ! Ça vous va ? Bien arrivés à Tunis ?», comme s’ils devraient prendre pour un honneur d’être invités aux JTC !
Il ne faut pas croire que le cas de l’Alissô Théâtre était à part, puisque la troupe sénégalaise et l’auteure et comédienne, petite sœur de Thomas Sankara, Odile Sankara, n’ont pas été mieux traités à leur arrivée ; abandonnés à leur sort dès leur arrivée…
Zouhour HARBAOUI