Par FRANCK-HARDING M’BRA
Frédéric Ehui Meiway, maître incontesté du Zoblabo a entamé la célébration de ses trente années de carrière. En amont de cet important évènement, l’artiste a sorti un nouvel album: LEGENDE. Après avoir pris le temps d’écouter l’album note après note, titre après titre, le journaliste culturel, Franck-Harding M’Bra a donné une note à l’album.
Titre 1- YIWA : ce titre donne le ton de l’album. Synthés, rythmes, basses, saxo à profusion, mais surtout les refrains-choeurs typiques du Zoblazo. Meiway débute la célébration de ses 30 ans de carrière (mine de rien), sa Légende (excusez du peu) , avec un son 100% identitaire de sa musique qui l’a lancé en 1989. Tous les gimmicks (Yiwa ( !), Adjalouhé) qui ont particularisé Ehui Fréderic y figurent. Une chanson classique du cru. Vous aimerez comme moi. une belle célébration du Zoblazo. Note : 6/10
Titre 2- ZO : Zo , cette expression nouchi pour signifier le beau, l’admirable, l’adorable. Eh bien cette track est tout aussi coquette. Alors, Zo comme Zoblazo ? ouiii ! l’intro faite de synapses de clavier rappelle le son d’un messe est top. Après quoi, ça déroule. Le refrain-chœur typique du concept de Meiway , qui est au crédit de l’arrangement. C’est avec force de mots qu’il célèbre son concept. En Nzima et en français : « je fais pour moi en Appolo/ c’est trop zo/ Béflêhi zoblazo (on appelle ça zoblazo)/ô’finh Nzima Kôtôkô (ça vient de chez les Nzima Kôtôt^ko)/ c’est pas flôkô/ c’est pas daniblô… » refrains entêtants. Note : 7/10
Titre 3- KOROKOTO : premier single à teaser Légende, cette chanson est la caractéristique du Meiway toujours à implémenter les sonorités de l’heure, à faire des expérimentations avec ses kiffs : un concept, un gimmick, un arrangeur qui l’a accroché … ici , sur les arrangements de Champy Kilo, Meiway invente dit-il une « danse qui vient de chez nous ». Si la basse est séduisante, les percus et les batteries sont à l’honneur. La chanson « on dirait Akpôngbô » n’est pas réussie. Peut-être pour ça qu’en single clippé, le titre n’ait pas laissé des souvenirs enthousiastes. C’est moyen. Note : 4/10
Titre 4- SUEUR : on ne va pas se mentir, là : c’est le titre le plus ennuyeux de l’album. Du genre la track que vous voulez qu’elle finisse vite pour passer à autre chose, lol. Meiway ne chante pas beaucoup là-dessus, il passe plus de temps a faire des « kiaye » . Cependant, j’avoue que le déroulé du rythme en fin de piste tente de relèver le gout du son. Mais hélas, trop tard. Cette piste, avec le précèdent constituent quasiment les seuls temps faibles de l’album. Note : 3/10
Titre 5- COPIER COLLER : enfin on revient à du bon zoblazo. Introduite par une pastille d’harmonica effervescente. Zoblazo dans la musique et les refrains typiques qui enrobent ce Mapouka pur rythme, pur son avec ses instruments dédiés. La chanson qui nous rappelle Rouler Moutou mais avec l’entrain en moins ne déplaira pas du tout au Docteur Pitté et ses parents de Nigui Saff. C’est un emballant compromis Zoblazo- Mapouka. La pêche. Note : 5/10
Titre 6 – KESSI : Ce mid-tempo est très séduisant, tout bonnement. La rythmique moins festive, tendre surtout est d’une efficacité oh combien attachante ! La musique est tellement adaptée au propos ! Meiway ici plaint la misère de Kessi et son époux, couple miséreux dans les bas quartiers de Koumassi. « Le pauvre mène une vie difficile. Il est toujours au bas de l’échelle », déplore Meiway en Appolo. Les caisses, le clavier, les claquettes épousent l’ambiance tristounette du rythme au refrain fluide. Si le ton n’était pas déprimant, on aurait qualifié de belle ballade cette chanson. Quand la voix de meiway épouse des complaintes vocalisées, ça nous émeut. Un exercice impactant. On adore. Note : 7/10
Titre 7- BOUFTOU : voici mon premier coup de cœur de l’album. Meiway aime faire des chansons qu’on qualifierait de triviaux. Le genre où il parle de petites histoires populaires marrantes. Comme il l’a fait sur l’excellent Bipoya, le génie de Kpalezo sort du bois l’histoire de Bouftou, un obèse gourmand qu’il ne faudrait surtout pas inviter à midi. Au-delà de l’histoire marrante de ce titre avec ses rimes en « ou », c’est la musique qui est étonnante. L’arrangement est un kiff : afro-beat cadencé de basse rythmique syncopée. Le tempo est moyen mais vous allez aimer la mélodie dès l’intro. Note : 8/10
Titre 8- TU TE PRENDS POUR QUI : Alors, c’est la tue-rie de l’album, le tube évident et parfait ! La chanson phare du coffret !! Je vous garantis que cette chanson : vous l’entendrez partout (maquis, radios, smartphones) dans très peu de temps, les fêtes approchant ! Le son concoctée par DSK On the beat est une fabuleuse production coupé-décalé mêlée ingénieusement aux battement du Gbagbakê ( baguettes tapés sur du bambou pendant l’Abissa très présent dans la musique de Meiway) . La chanson apostrophe les « petites gos qui se prennent au quartier », sures de leurs beauté et qui la joue snob…le fond musical à la basse opulente soutient avec force la chanson … jusqu’à l’animation de Meiway digne du couplet d’un DJ inspiré à vous faire sauter au plafond. Vous n’écouterez pas cette chanson sans réactions ! Groovy assuré !! Note : 10/10 (oui !)
Titre 9- APPOLO POP : ici , Meiway libère un autre son festif et très popisé . C’est-à-dire quoi ? C’est-à-dire que la production ici s’est faite plaisir sur des instrus opulentes qui constituent ce rythme Appolo. Saxo, clavier basse, caisse, batterie : l’influence diverse de la bande est faste. Sur a chanson, c’est comme si c’étaient les voix qui soutenaient la musique. Les chœurs sont superbes. Note de 6/10
Titre 10- AYA BOSSOUé : Comment Meiway nous met en musique l’histoire de Aya, la petite que tous les hommes du village se réjouissent d’avoir couchée ? ça donne du Zoblazo classique, avec la fanfare emmenée par le saxo qu’on connait et les refrains péchus . Avec le « on lève les mouchoirs » qui va avec.. Sans oublier le « arrriiiiii » ! Adjalouhé ! Note : 6/10
Titre 11- TOTO : cette chanson, on se demande si c’est du zouglou comme l’interprète l’annonce au début ou si c’est du zoblazo. Vous vous ferez votre idée. Cependant, elle présente, dans une certaine tournure, des notes d’électro. On met ça aussi sous le coup de l’expérimental. Même s’il y a forte présence de refrain-chœur Zoblazo sur la piste. En gros, c’est moins la neuneu histoire du sot Toto qui nous accroche que la musique dansante dont elle est faite. Note : 5/10
Titre 12- LIBEREZ-NOUS : « A Abidjan, toutes les communes sont dotées d’une infrastructure emblématique de la capitale. Mais pourquoi à Yopougon, c’est la Maca ? Pourquoi ce choix ? » . Voici le propos de Meiway sur cette chanson. Signalons ici la facétie de l’artiste : Ne voudrait –il pas subtilement faire un parallèle à Yopougon…de Gbagbo avec l’allusion à la prison de cette commune ? « Libérez, libérez, libérez en zouglou » chante-t-il… NB : En tout cas, c’est un titre qui démarre sur du Bolo super pour se terminer sur du Zouglou pur et dur. Alors, libérez ! lol Note : 5/10
Titre 13- TU DIS QUE QUOI : Prenez une chanson Ben Skin de Mani Bella et posez-y la voix de Meiway. Vous obtiendrez l’univers de cette chanson Tu dis que quoi. Sauf qu’ici, la truculente chanteuse n’y a pas participé. Dommage parce que feat de la chanteuse camerounaise aurait donné un cachet relevé à la chanson. N’empêche que l’artiste ivoirien a très bien réussi l’exercice de style. Bel hommage musical au Cameroun, pays où Meiway compte aussi des fans par milliers. Nos cousins d’Afrique centrale vont adorer ce titre. Nous aussi, d’ailleurs. Note : 7/10
Titre 14- MOYA MARIA : seconde belle douceur de chanson mid-tempo, sur le modèle de Kessi. Sauf qu’ici, il s’agit d’une supplication à une bienaimée. En grandes largeurs, l’aigu de complainte de Meiway est encore efficace. On aime. Note : 8/10
Titre 15-SUNSHINE IN AFRICA : Un titre politique (surprenant) pour cet artiste qui, même s’il a ses convictions politiques, ne les chante presque jamais. Ici, Meiway déplore la situation de son continent relégué au dernier plan et à la servitude. Dans sa construction, c’est une chanson de la lignée de l’adorable « Sida ». Au bout de la chanson, Meiway fait référence aux grands leaders africains. Mouammar Kadhafi y compris. Meiway dèh ! Note : 6/10
Titre 16- ON EST CALé : Terminaison flamboyante d’album très originel : Zoblazo pur jus sur fond d’histoire de coureur de jupons. La musique est dépouillée, arrangements magnifiques. C’est dansant, avec les mouchoirs bien sûr. Trêve de bavardage, place aux trémoussements et aux déhanchés. Note : 6/10
AU TOTAL : Meiway revient vraiment à ses fondamentaux pour marquer ces 3 décennies de carrière musicale. On retrouve une bonne dose du Zoblazo originel qui a fait le succès de Ehui Fréderic depuis 1989. Cet album est très homogène.. Pratiquement tous les titres sont bien réussis. Je vous assure que vous ne connaîtrez pas le déséquilibre du précédent album Illimitic, qui offre une moitié plaisante et l’autre moitié fadasse, que j’ai jamais pu écouter jusqu’au bout ,d’ailleurs. Alors, depuis, M23 en 2013, je suis content de retrouver un album majeur du Génie de Kpalèzo. Alors, JE VOUS LE RECOMMANDE !
Note de (l’album) Légende : 7/10