Ne pas encenser le premier film de Hafsia Herzi, comme il a été encensé en Hexagone, fera-t-il de nous des incultes en cinéma ? «Tu mérites un amour» est à classer dans la catégorie «Softcore à la Kechiche». Pour les Journées cinématographiques de Carthage, ce long métrage, qui nous reste, encore, en travers de la gorge, était programmé dans «Diaspora ?»
«Diaspora ?» avec un point d’interrogation a été l’une des sections des Journées cinématographiques de Carthage. Si ce n’est une erreur, les organisateurs ont eu raison de mettre le point d’interrogation, parce que, franchement, peut-on dire que Hafsia Herzi fait partie de la diaspora tuniso-algérienne (son père est tunisien, sa mère algérienne) en France ? Il est vrai que la diaspora est la dispersion d’une communauté, d’une ethnie à travers le monde, et, par extension, le résultat de cette dispersion. Or, à part son nom et son faciès, rien ne définit Hafsia Herzi comme faisant partie de la diaspora tuniso-algérienne, et surtout pas son premier long métrage, «Tu mérites un amour», dont la production est française. Ce qui fait, donc, de lui un film français, de même que son traitement et ce qu’il montre. Donc un long métrage 100 % français, produit, réalisé et tenu par Hafsia Herzi.
Pour nous, «Tu mérites un amour» est, tout bonnement, un softcore à la Kechiche ; un softcore étant une forme de pornographie ou d’érotisme moins explicite que la pornographie hardcore. On comprendra aisément pourquoi à la Kechiche…
Hafsia Herzi a voulu sortir du cliché «maghrébine délinquante de quartier», mais elle est tombée dans un autre : celui de la femme d’origine maghrébine libérée sexuellement.
Problème de libido ?
Dans l’esprit des Occidentaux, les Maghrébines ou, plutôt, les Arabes (parce que, jusqu’à présent, beaucoup ne font pas, encore, la différence), sont soit voilées, soit des «Marie-couche-toi-là» ! On se demande si Hafsia Herzi n’a pas un problème de libido ou si elle croit que les femmes maghrébines ou d’ascendants maghrébins ont un problème libidinal. Et elle veut leur donner une liberté sexuelle comme elle a permis à son personnage principal, Lila, dont elle tient, évidemment, le rôle.
Lila, la trentaine -tiens, c’est bizarre, comme la réalisatrice !- se fait plaquer par son copain Rémy. Son meilleur ami est un Maghrébin gay -personnage à travers lequel Hafsia Herzi essaye de donner des touches d’humour à son film. Il tente de lui remonter le moral, ainsi que d’autres, en la poussant à faire des rencontres. Lila passera de mecs en mecs et même par une coucherie à trois avec un couple libertin (un homme et une femme) pour, finalement, envoyer définitivement balader Rémy.
Si c’était pour en arriver là, elle aurait pu le faire sans passer par des parties de jambes en l’air et de bécotages à pleines bouches «En veux-tu ? En voilà !». Parce que le film, en définitif, c’est ça et rien que ça ! Et même si Lila a besoin d’être aimée, il y a d’autres manières de l’être que de se donner. C’est pratiquement de la prostitution gratuite.
En plus dans ce film, rien ne plaît. Alors pourquoi a-t-il été encensé en France ? Parce que c’est une réalisatrice d’origine maghrébine qui l’a fait ? Tiens une Arabe qui se permet de faire du softcore dans son long métrage ! ? Waw ! Quelle révolution ! C’est un film d’art et d’essai ! Essai peut-être (et encore loupé), mais art, Hafsia Herzi en est encore loin !
Zouhour HARBAOUI